L'étoile puante -4

De la violence, du sexe, et des belles bagnoles

L'espace est grand.
Vertigineusement grand. Hyperboliquement grand. Epoustouflifiantement grand. Tellement grand que ça donne mal au crâne d'essayer de se représenter la grandeur de l'espace.
Imaginez, mis bout à bout, tous les spaghetti jamais préparés par tous les cuisiniers italiens ayant jamais existé. Eh bien, l'espace est plus grand.
Imaginez une girafe dont la queue aurait la taille de la galaxie d'Andromède. Eh bien, l'espace est plus grand.
Imaginez tous les cons que la terre a portés depuis l'apparition de l'homme, se donnant la main dans une grande chaîne de la connerie. Eh bien, l'espace est plus grand.
Bref, s'il y a un mot qui convient pour décrire l'espace, c'est le mot "grand".

Toutefois, l'espace n'est pas infini.
C'est ce qui fait qu'on peut se dire qu'un jour peut-être, les cons (seule race en perpétuelle croissance démographique depuis leur apparition) seront tellement nombreux qu'ils rempliront tout l'espace disponible.
C'est pour ça que les cons ne sont jamais contents avec ce qu'ils ont. C'est pour ça que les cons sont toujours prêts à déclencher quelque opération militaire pour envahir un voisin et occuper son espace vital.
C'est pour ça aussi qu'un gars comme Ed, voyageant dans son armoire, n'a pas une probabilité nulle d'arriver à destination.

Zaph.


***


Je pris ma voix la plus aimable et tentai de désamorcer l'insoutenable tension régnant dans la pièce.

- Ecoute, Snorri. Je te connais. Tu me connais. Bref, on se connaît, quoi ! Parlons franchement. Je trouve regrettable la situation que traverse votre planète, et crois bien que je compatis de tout coeur. Mais nous sommes en quelque sorte des touristes qui venons de débarquer. Je ne suis pas sûr que nous soyons les plus à-mêmes de solutionner tous vos problèmes.

- Tu te trompes, mon petit gars. Vous êtes notre dernière chance. Tu as vu l'état de la population, hier. Nous sommes tous trop faibles pour nous lancer dans ce genre d'aventure. Vous seuls avez une chance de réussir tant que vous avez encore des forces, mais le temps presse. Et n'oubliez pas qu'après nous, la Terre sera probablement la prochaine victime de ce monstre. Venez, nous avons mis la crème de notre flotte à votre disposition.

***


Le spatioport était une vaste étendue plate dont le périmètre était entouré de bâtiments administratifs, d'hôtels bon marché, d'entrepôts, et surtout de débits de boisson, ces derniers étant apparemment les seuls établissements à rencontrer quelque succès. La surface centrale était encombrée de vaisseaux de toutes formes et de toutes tailles répartis sans aucun arrangement logique.

Notre navette nous déposa au centre du dispositif, près d'un superbe engin argenté au profil effilé, donnant une terrible impression de vitesse et de puissance qui aurait presque suffi à nous remonter le moral.

Je laissai échapper un petit sifflement d'admiration.
- Il est magnifique ! Il brille de partout !

- C'est normal, mon gars,
dit Snorri d'un ton fier, il est entièrement construit en titache.

- Quand je pense que nous allons voler dans cet engin, je suis presque optimiste !

- Euh, un instant ! Il y a un léger malentendu. Celui-là, c'est mon yacht de croisière. Il est beaucoup trop visible pour votre mission. Voici votre véhicule,
dit Snorri, pointant quelques mètres plus loin, dans l'ombre du vaisseau.

Nos yeux tombèrent sur une grande armoire, assez semblable à la mienne, mais environ cinq fois plus grande, et équipée de fenêtres.

- Non, pitié, j'en ai marre de voyager en garde robe.

- Nos artisans l'ont fabriquée pendant la nuit en s'inspirant du modèle de la vôtre. Nous nous sommes dit que vous vous sentiriez chez vous. De plus, je ne pense pas que vous soyez capables de maîtriser les systèmes de pilotage et d'armement de notre flotte. Venez voir, nous avons aménagé une chambre, une salle de bain, et une soute à vivres.

- Et ça, c'est quoi ? Le réservoir d'eau ?

- Non, ça, c'est la citerne à vomi. Nous pensons que plus vous approcherez de l'Etoile Puante, plus vous risquerez de souffrir de désagréments gastriques.

- Charmante attention !

- Eh bien, mes amis, il me reste à vous souhaiter un excellent voyage et bonne chance. Nous comptons sur vous !


Il nous embrassa chaleureusement, nous fit entrer dans l'armoire, ferma la porte, et la tapota en criant :

- Vers l'étoile Puante !

Je l'entendis encore prononcer
- Allons en face, les gars, c'est ma tournée.

Puis l'armoire se mit à vibrer.

***


Je vous ai déjà dit que l'espace est grand ?
Si grand, que si tous les cons de la terre se donnaient la main dans une grande chaîne de la connerie, ils pourraient encore danser la gigue sans se sentir à l'étroit.
Nous avions l'impression d'être les deux premiers cons de la chaîne.

Dans l'immensité de l'espace, les voyages -même à vitesse supra-luminique dans une armoire dernier cri, durent un temps non négligeable. Heureusement, les fenêtres aménagées dans notre véhicule nous permirent d'admirer le paysage.
Nous avons vu des étoiles de toutes tailles et couleurs, depuis la naine blanche jusqu'à la géante rouge, d'impressionnants amas globulaires, des galaxies spirales, des nébuleuses gazeuses. Nous avons chatouillé la queue d'une comète et nous nous sommes baignés dans la lumière irréelle de ses myriades de particules cristallines. Nous avons vu des sables aussi (euh non, là je confonds).

Un beau jour, alors que nous traversions la constellation d'Horion, nous assistâmes à un spectacle très émouvant. Bien à l'abri et au chaud dans une nébuleuse gazeuse issue de l'explosion d'une supernova, qui ressemblait à un petit nid douillet fait de ouate blanche, se blottissait une pépinière de protoétoiles. Ces petites étoiles d'un bleu malicieux brillaient d'un éclat tout jeune et joyeux, semblables à une portée de chatons miaulant après leur mère.

Maud fut émue par ce spectacle.
- Regarde comme elles sont trop mignonnes !

Elle me prit la main, et à ma grande surprise, la posa sur son ...

Warning : Adult Content

The following link will expose you to explicit sexual material and crude content that may hurt your feelings.
Interstellar regulation on morality preservation allows us to scan your credential and bar your access to the next link if you do not fill up the required age and immorality criteria, or if your prepaid account is insufficiently provisioned.

Please click here to proceed.

... dès lors, le voyage nous parut beaucoup moins long.
Nous commencions à nous rapprocher sérieusement de l'anneau rouge et bleu.
C'est alors que Maud me fit remarquer un point brillant qui grossissait.
Nous vîmes bien vite qu'il s'agissait en réalité d'un vaisseau spatial qui fonçait droit sur nous.
Nous avons bien cru qu'il allait nous percuter de plein fouet. Finalement, il passa comme une flèche à quelques dizaines de mètres de nous. Mais non loin derrière, sur la même trajectoire se pressait un autre vaisseau. Il émit une sorte de rayon énergétique qui se focalisa sur le vaisseau poursuivi et le fit exploser dans une énorme boule de feu.
On continuait d'approcher de l'anneau, et on s'aperçut que l'espace grouillait de vaisseaux de toutes tailles se poursuivant les uns les autres dans la pagaille la plus totale. Ils étaient pourvus des armes les plus diverses et les plus effrayantes et se livraient une bataille sans merci. Certains avaient un aspect lent et massif, mais offraient une résistance élevée aux tirs ennemis. D'autres étaient de vrai faucons, vifs et rapides, mais semble-t'il dépourvus de boucliers.

Dans notre discrète armoire, nous semblions passer inaperçus quand tout à coup, Maud poussa un cri en désignant une des fenêtres. Un des petits engins rapides venait d'opérer un brusque changement de direction et pointait ses canons sur nous. Il fit feu, et un rayon d'énergie rouge (c'est la plus méchante) se dirigea droit sur nous. Il nous atteignit en une fraction de seconde, mais à notre grande surprise et non moins grand soulagement, il ne se passa strictement rien.

- Je parie, me dit Maud, que ces champs électromagnétiques sont redoutables sur les moteurs et les matériaux de ces engins futuristes, mais sur une bonne vieille armoire en pin anglais, elles n'ont aucun effet. Snorri avait vu clair, finalement !

Nous étions provisoirement tirés d'affaire, mais pas pour longtemps.
Un monstrueux engin vert armé de tentacules, pinces, et différents appendices effrayants, pire qu'un fauteuil de dentiste, nous poursuivait et se rapprochait inexorablement.
Quand il fut à quelques mètres, il nous agrippa au moyen d'une pince, et envoya vers nous un inquiétant outil tubulaire.

- Je sais ce que c'est ! s'écria Maud. Ils ont du voler les plans sur Terre. C'est une arme terrible. Ça s'appelle le "Babyliss 230 Pro Pink Curler". Ma mère utilise le même en plus petit pour se faire des boucles dans les cheveux. C'est horrible!

- Quoi, la tête de ta mère ?

- Mais non, ce truc! Il va nous carboniser !

La chaleur devint rapidement insoutenable à l'intérieur de l'armoire. De la fumée commençait à s'infiltrer. Nous étions perdus. Notre quête s'achevait ici, d'une manière si stupide, vaincus par un Babyliss.

Dans la folie du désespoir, je pris Maud dans mes bras, la serrai contre moi, et m'écriai :
- Maud, veux-tu m'épouser ?

A suivre ...