Barbares

Le 4 Septembre 476, un barbare du nom d'Odoacre, se présenta avec sa garde devant l'empereur romain d'Occident, Flavius Romulus Augustus, et lui tint à peu près ce langage:

- Casse-toi, petit.
A quoi Flavius Romulus répondit courageusement:
- Nan, veux pas!
- Alors, coupez-lui les couilles! (dit Odoacre s'adressant à ses gardes).
- Ok, c'est bon, c'est bon, si vous le prenez comme ça, je m'en vais.

Et Flavius Romulus abdiqua, et ce fut la fin de l'empire romain d'Occident.

L'empire romain d'Orient, lui, résista beaucoup plus longtemps, bien qu'à la fin, il fut réduit à peu près aux dimensions du jardin entourant le palais.
Cela n'empêcha pas un sultan du nom de Mehmed II de se présenter le 29 Mai 1453 avec sa garde devant l'empereur romain d'Orient, Constantin XI, et de lui tenir à peu près ce langage:

- Casse-toi, petit.
A quoi Constantin répondit courageusement:
- Nan, veux pas!
- Alors, jetez-le aux lions.
- ....
- Quoi, y a un problème? dit Mehmed en s'adressant à ses gardes.
- C'est que, votre grandeur, y a plus de lions.
- Quoi, plus de lions? Quelle décadence! du temps des Romains, ça ne se serait jamais passé comme ça. Bon, qu'on le jette aux tigres alors!
- Y a plus de tigres.
- Aux hyènes?
- Pas d'hyènes.
- Aux loups?
- Tss tss.
- Aux rats? On doit bien avoir des rats!
- Ah ça des rats, oui, on avait des rats, mais les chats les ont tous bouffés lors du siège de Constantinople. Les pauvres bêtes étaient affamées. D'ailleurs, c'est pô juste que ce sont toujours les animaux qui trinquent. Ces pauvres chats n'avaient rien demandé à perso...
- Suffit! (Après un instant de réflexion:) Alors, qu'on le jette aux chats!

Ainsi il fut fait, mais on raconte que les chats ne trouvèrent pas Constantin à leur goût.
Mais ce fut quand-même la fin de l'empire romain d'Orient.
Ce qui nous laissait en tout et pour tout (si je compte bien) zéro empires romains en activité.

Ce n'est pas tout à fait comme ça que Alessandro Barbero (je me demande si ça veut dire "barbare" en italien) raconte l'histoire dans son livre "Le jour des barbares", il place plutôt le tournant décisif lors de la bataille d'Andrinople, alors que moi je le situe exactement à cette fameuse réplique d'Odoacre "Alors coupez-lui les couilles", mais néanmoins je respecte son travail d'historien et de romancier (même s'il faut bien avouer qu'il n'a pas mon sens du dialogue).

Quand-même, une chose qu'il aurait pu expliquer et qui me paraît nécessaire à la compréhension de cette période de l'Histoire, c'est la fameuse unité de mesure barbare : la horde. Une horde, ça fait combien de barbares exactement? Probablement plus que deux, probablement même un grand nombre. Alors quand on dit "des hordes" au pluriel, ça doit faire vraiment beaucoup. Dans l'expression "des hordes de barbares déferlent sur les restes de l'empire romain", combiner le mot 'déferler' au mot 'hordes' au pluriel, c'est vraiment impressionnant.
J'avais déjà entendu cette expression, mais Alessandro ne l'utilise pas; lui il parle de problèmes d'immigration. C'est plus prosaïque et ça fait presque contemporain, politiquement correct.
On a naturellement tendance à s'identifier aux pauvres romains submergés par les hordes de barbares. C'est oublier un peu vite que les barbares se sont installés dans l'empire, qu'ils y ont fondé des familles, et que nous sommes les descendants des barbares au moins autant que des romains.
Les barbares, c'est nous. Alors aujourd'hui, qui nous menace à nos frontières? D'autres barbares?

En tout cas, ma décision est prise. Si un barbare se présente chez moi et m'ordonne de décamper, j'obéis sans discuter. Avec les hordes de chats qui infestent mon jardin, je préfère ne pas prendre de risques.